Bilan et suite


Voici un peu plus de deux mois que nous, les membres de l'association La Paz, occupons le hameau de Fallot, propriété de l'établissement public administratif, le centre médico social Contoloup Lavallée (CCL).


Qui sommes nous ?

L'association La Paz est née de la rencontre de bénévoles et militants d'associations sociales, de paysans, d'artisans et de professionnels du spectacle.

Ensemble nous avons fait le constat des dysfonctionnements de la société actuelle et avons remarqué qu'il manquait des lieux de recherche et d'expérimentation d'alternatives, pour dépasser et améliorer le monde d'aujourd'hui. En somme, il s'agissait de proposer une expérience sociale pouvant décrire la société que nous imaginons pour demain.

Cette société devra selon nous recréer le lien entre la paysannerie, l'entraide, la solidarité et la culture populaire.

Nous avons fixé deux contraintes dans notre expérimentation :
Pas de salariés, tous les membres doivent être bénévoles.
Transparence et prix libre dans toutes les transactions de l'association.


Notre projet :

Notre projet de Ferme Socio Expérimentale se décline en trois axes :

Axe social :
Partage, entraide et solidarité.
Rompre l'isolement, tisser des liens de complicité et de voisinage.
Hébergement temporaire de familles en difficulté. Partenariat avec les associations et travailleurs sociaux.
Mutualisation matérielle, mise à disposition d'espace et d'outils.

Axe paysan :
Apprentissage, échange et expérimentation autour des techniques de l'agriculture paysanne (permaculture, agro-foresterie...).
Réduction de notre impact négatif sur les sols, l'eau, la faune et la flore.
Création d'une ADAP (Association pour le Développement d'une Agriculture Participative)

Axe culturel :
Activités culturelles de qualité et accessibles à tous, quels que soient leurs moyens.
Événements et rencontres permettant le développement du sens critique, de l'analyse, et de la réflexion.
Renforcer le tissu social par le divertissement et les pratiques collectives.
Maintien et promotion de la culture traditionnelle occitane.
Forum permanent de partage des savoirs, des expériences, des compétences et des techniques.
Le tout participatif et à prix libre.

Nous souhaitons que le projet de Ferme Socio Expérimentale permette de transformer le lieu que l'association choisit pour mener cette expérimentation en un lieu public, un bien commun.


Notre démarche :

Nous avons choisit la réquisition car nous n'avions aucune autre possibilité pour trouver les locaux permettant l'accueil de notre projet. Cependant l'occupation ne constituait que la première phase de l'installation puisqu'il était clair que nous souhaitions pérenniser notre projet par une légalisation.

Nous avons choisit Fallot car il nous paraissait indécent qu'un lieu avec un tel potentiel reste vide et inutilisé depuis dix ans. Alors même que des associations sont sans locaux, que des paysans sont sans terre et surtout que des familles entières se retrouvent sans toit.

Nous avons donc mené notre petite enquête et nous nous sommes aperçus que le bien était en vente mais qu'aucun acheteur sérieux ne s'était déclaré à la fin Avril 2012.

Plutôt que de le laisser se détériorer en attendant qu'un projet trouve les moyens de se concrétiser, nous voulions y proposer le notre. Nous voulions pointer une incohérence et proposer une utilisation temporaire du lieu.


Historique :

Utilisation temporaire jusqu'à la vente du bien.

Peu après notre installation nous avons pris contact avec le Directeur du CCL M. Lecocq et lui avons proposé une rencontre afin de lui présenter notre projet et voir s'il était possible de trouver une solution temporaire. Nous avons tenté de lui dire que nous pensions occuper Fallot jusqu'à sa vente et nous voulions lui proposer d'organiser les visites avec les acquéreurs potentiels.

Nous pensons que cette solution aurait permis à La Paz de mettre en place et faire connaître son projet et au CCL de réaliser une valorisation du site.

Malheureusement M. Lecocq par méfiance ou par principe a refusé de nous rencontrer et s'est complètement fermé au dialogue. Nous nous expliquons sa réaction par la peur de ne pas trouver de solution amiable avec nous. S'il avait bien voulu nous recevoir ne serait-ce qu'une fois, peut être se serait-il rendu compte que nous sommes raisonnables.

Nous n'avons eut de cesse de clamer que des solutions existent et qu'elles ne pénalisent personne.
Malgrè cela, M. Lecocq a déclaré dans la presse que nous bloquions la vente mettant ainsi en péril le CCL.

En réalité, le seul acheteur qui se soit déclaré publiquement intéressé par Fallot, a affirmé lors de notre procès que notre départ n'était pas une condition pour qu'il achète Fallot. Il a même déclaré qu'il lui faudrait plusieurs années avant de réunir les fonds pour commencer les travaux sur le site et qu'un accord d’occupation avec nous pourrait être conclu. Cela prouve que nous ne gênons pas la vente de Fallot.

Le CCL est en difficulté financière.

Nous avons été très touchés par les différentes déclarations publiques nous présentant comme des jeunes irresponsables qui par leurs actes mettaient en difficulté un centre déjà en mauvaise posture financière.

Nous avons pleinement conscience de la situation financière du CCL.
Nous savons qu'en 2009 il avait un déficit d'environ 1.000.000€ et qu'il a mis en place un plan de refinancement sensé lui permettre de retrouver l'équilibre en 2016. Ce plan comprend les suppressions d'emploi déjà effectuées et la vente de plusieurs bâtiments dont fait partie Fallot.

Les 350.000€ de la vente, même s'il ne couvrent que 15 jours des dépenses du centre, lui permettraient de rassurer ses créanciers et ainsi obtenir plus facilement un prêt dont il a besoin au mois d'août 2012 pour payer les salaires.

Nous n'avons jamais voulu nuire au CCL et sans notre occupation, le centre serait confronté aux mêmes problèmes. Lorsque nous nous sommes installé le 22 avril, le CCL savait déjà qu'il ne réussirait pas dans les prochains mois à conclure cette vente qui traîne depuis 3 ans.

Cependant, après différentes discussions avec des salariés du CCL, nous nous sommes rendus compte qu'un sentiment d'injustice existait.
En effet, on nous a dit et répété que la vraie problématique était la difficulté du CCL de trouver des financements publics afin de préserver son action et ses emplois. Et que même avec la vente de Fallot, l'équilibre serait fragile pour le centre.

Là, nous avons pris conscience que le problème était plus profond.

Nous avons alors voulu montrer non seulement que nous étions touchés par les difficultés du CCL, de ses salariés et de ses usagers mais qu'en plus nous voulions nous engager à leurs côtés dans cette lutte pour la préservation d'un service public de qualité. Pour nous, cette lutte s'inscrivait dans une lutte plus globale contre les politiques d'austérité, contre la destruction de l'éducation, du social, de la santé et du service public.

Il nous a paru aberrant que le CCL se trouve dans l'obligation de vendre des biens destinés à des projets de réinsertion pour pouvoir emprunter. Qu'un établissement public soit contraint de s'endetter pour ne pas faire faillite.

Nous avons donc œuvré à interpeller les politiques sur le sort du CCL et nous avons obtenu un entretien avec le Président du Conseil Général. Là nous avons exigé un refinancement immédiat du CCL.

Nous espérions ainsi faire refinancer le CCL et permettre qu'il s'en dégage une solution pour l'association La PAZ. Cela aurait permis en plus de créer des liens forts avec les salariés, les usagers du centre et la population locale.
Malheureusement, notre légitimité posait question puisque nous n'avons pas réussi à faire de cette lutte une lutte commune pour la préservation du CCL et des initiatives solidaires comme celle de La Paz.

La procédure d'expulsion a été lancée et les délais attribués arrivent à terme le 20 Juillet 2012. Nous n'avons pas l'intention de quitter les lieux pour qu'ils restent vides et inutilisés. Nous ne bloquons pas la vente, nous ne dégradons rien, bien au contraire. Nous permettons à ce lieu de vivre et lui donnons une utilité publique. Nous permettons à des familles à la rue de vivre ici et leur permettons de se former à la paysannerie. Nous mettons à disposition des terres pour une agriculture participative, nous organisons des événements et des activités culturelles populaires.

Ce lieu doit rester d'utilité publique.

Après plusieurs semaines et au fur et à mesure des rencontres et des discussions avec les salariés, les habitants de St Clar et de L'Isle Bouzon, nous nous sommes rendus compte de ce que représentait ce lieu aux yeux de la population locale.

Ce lieu a une histoire très particulière et délicate.

Il a été bâti par les femmes et les hommes de l'association Le Patriarche (association d'aide aux toxicomanes). Ces personnes ont vécu leur passage à Fallot de manières très différentes. Pour certains cela a été traumatisant. Pour d'autres, leur passage par Le Patriarche leur a permis de s'en sortir et de retrouver une vie normale.
Tout cela commence à resurgir et notre présence à Fallot a permis leur rencontre et a créé la possibilité pour eux d'en discuter et de faire le bilan.

L'association le Patriarche a désormais disparu et les abus qui s'y sont produits ont été dénoncés.

Aujourd'hui, nous nous rendons compte à quel point notre projet de faire de Fallot un lieu public est en accord avec les vœux de la population locale qui souhaite avant tout que Fallot ne soit plus jamais le théâtre de dérives.

Nous souhaitons que Fallot soit un lieu public, un bien commun.



Bilan :

Nous avons ces dernières semaines eu la visite de nombreuses personnes. Nous estimons qu'environ 500 personnes sont passés nous rencontrer en un peu plus de 2 mois. Des gens de tous les horizons de toute la France.
Des gens sont venus discuter, réfléchir, lire, danser, chanter, manger et nous encourager pour la pérennisation du projet de Ferme Socio Expérimentale ici ou ailleurs. Nous avons aujourd'hui plus de 200 adhérents dans tout Midi-Pyrénées.

L'organisation d'un grand bal traditionnel où plus de 100 personnes ont participé, nous a permis de fraterniser avec beaucoup de riverains et habitants des communes voisines.
Nous y avons rencontré les anciens, qui nous ont appris quelques danses occitanes oubliées.
Nous avons organisé tous les dimanches des journées de rencontres et d'activités : projections, spectacles, jeux, et agriculture participative.

Beaucoup de gens sont venus participer aux chantiers et au travail de la terre. Peut-être dans quelques semaines nous proposerons de venir ici à Fallot pour manger un repas entièrement cuisiné avec les produits de Fallot : nos fromages de chèvre, nos légumes et nos œufs...

Plusieurs familles à la rue avec leurs enfants ont bénéficié ici d'un logement temporaire, le temps parfois de se reposer gratuitement dans ce lieu idyllique. Des enfants qui n'étaient pas sensés avoir de vacances ont eu droit à une véritable colo improvisée.
Le projet de Ferme Socio Expérimentale a permis à des personnes démunies de tout moyen de retrouver le courage et les moyens techniques de retrouver une autonomie (mise a disposition d'un véhicule et d'un logement, mise en relation avec les associations et travailleurs sociaux gersois et de Haute Garonne).

Nous sommes aidés dans notre action par des associations comme Emmaüs, Regard, le Secours Populaire, le 115 et nous présentons aujourd'hui comme un lieu d'utilité publique avec comme particularité qu'il ne coûte rien à l’État et donc au contribuable. Aujourd'hui dans le Gers aucune structure ne peut accueillir en urgence des parents s'ils ont des enfants mineurs. Ce qui signifie que Fallot est le seul lieu dans tout le département à proposer un toit en urgence pour une famille qui serait dans la rue. Ainsi aujourd'hui, nous sommes plus qu'utiles, nous sommes indispensables.


Aujourd'hui :

La procédure d'expulsion a été lancée et les délais attribués arrivent à terme le 20 Juillet 2012.
Nous ne bloquons pas la vente, nous ne dégradons rien, bien au contraire. Nous permettons à ce lieu de vivre et lui donnons une utilité publique. Il n' y a donc aucune raison de nous expulser.

D'autant que Fallot risque de rester vide encore plusieurs années. L'état des bâtiments nécessitant un investissement important pour les travaux, les projets qui s'y développeraient risquent de se financer en plusieurs temps entre l'achat, l'aménagement et le début d'activité. De plus si, comme pour le projet d'école hôtelière du CCL, les fonds ne sont pas réunis ces projets seront abandonnés et Fallot sera de nouveau en vente.



Notre proposition :

Vu que le CCL n'a d'autres solutions que de vendre ce bien, car même s'il trouvait aujourd'hui une solution pour légaliser la présence de l'association La Paz à Fallot, il serait un jour ou l'autre contraint par sa fragilité financière à revenir sur cette position.

Vu que la population locale souhaite que ce qui est fait à Fallot soit complètement transparent.

Vu que notre projet de Ferme Socio Expérimentale a pour principe de rendre Fallot un lieu public, un bien commun et ouvert à tous et à toutes.

Vu que le hameau de Fallot se prête parfaitement à la réalisation du projet de Ferme Socio Expérimentale et que nous recevons d'ores et déjà des dons pour soutenir notre projet.

Nous proposons l'acquisition de Fallot par une association que nous proposons de créer.
Cette association qu'on nommerait « Les amis de Fallot » regrouperait dans son conseil d'administration une collégiale composée par :

- Les habitants de l'Isle Bouzon
- Les membres de l'association La Paz
- Les victimes et les anciens membres de l'association le Patriarche qui ont bâti et vécu à Fallot.
- Les salariés et usagers du CCL
- Tous ceux et celles qui souhaitent une issue heureuse à cette histoire
- Tous ceux et celles qui souhaitent que l'association La Paz puisse pérenniser son initiative solidaire, paysanne et culturelle.

« Les amis de Fallot » deviendrait l'unique propriétaire de Fallot et bénéficierait des dons destinés à l'association La Paz.

Nous appelons donc aujourd'hui tous ceux et celles qui le souhaitent à nous adresser des promesses de don à l'adresse suivante :

Association La Paz,
Fallot 32380 L'Isle Bouzon.

Ou par mail : assolapaz@gmail.com


A bientôt, La Paz...




collectiflapaz.blogspot.fr 06.51.13.77.95 / 06.88.37.10.21 assolapaz@gmail.com